Exploration scientifique

La Planète Revisitée des Îles de Guadeloupe

À la rentrée 2024, les scientifiques du programme d’explorations « La Planète Revisitée » partent à la découverte de la biodiversité des îles du sud de la Guadeloupe. Co-porté par l’Agence Régionale de la Biodiversité des Îles de Guadeloupe (ARB-IG), le Muséum national d’Histoire naturelle et l’Office français de la biodiversité, ce projet a pour ambition d’inventorier la biodiversité terrestre et marine encore méconnue des Saintes, de Marie-Galante, de la Désirade.

Le succès des explorations passées en Guadeloupe 

En 2012, un grand inventaire de la flore et de la faune marines des écosystèmes côtiers de Guadeloupe, dénommé Karubenthos I, a été réalisé par le Parc national de la Guadeloupe, l’Université des Antilles et le Muséum national d’Histoire naturelle. Afin de consolider leur collaboration, les mêmes acteurs ont décidé de poursuivre l’exploration de la Guadeloupe en ciblant en 2015 les environnements marins profonds, jusqu’ici peu explorés et avec un fort potentiel en découvertes scientifiques, dans le cadre d’une campagne océanographique dénommée Karudeep ou Karubenthos II.

L’archipel guadeloupéen, un réservoir de biodiversité considérable et un patrimoine naturel à préserver

L’archipel guadeloupéen fait partie intégrante d’un « point chaud » de la biodiversité au niveau mondial : la Caraïbe. Aujourd’hui, cet archipel est l’un des territoires caribéens les mieux connus en matière de biodiversité terrestre et marine.

  • 11 100
    espèces connues en Guadeloupe (plus de)
    701
    espèces endémiques connues (dont 94 % d’espèces terrestres)
    1er
    archipel des Petites Antilles pour sa diversité d’espèces et d’habitats naturels

Cependant, pour de nombreuses espèces, les données d’inventaire et de suivi restent incomplètes dans les Îles du Sud. Les différentes prospections menées jusqu’ici dans ces territoires restent lacunaires pour beaucoup de groupes d’espèces. La biodiversité des Îles du sud se caractérise par un fort potentiel d’endémisme (espèces présentes uniquement en Guadeloupe, voire uniquement sur une île de l’archipel) qui mérite une exploration plus approfondie permettant de mettre en lumière leurs singularités.

Faire l’inventaire d’une biodiversité menacée dans les îles du sud de la Guadeloupe

Le projet « La Planète revisitée des Îles de Guadeloupe » a pour objectif d’acquérir de la donnée scientifique moderne sur la biodiversité dite « négligée » des îles du sud de la Guadeloupe que sont la Désirade, Marie-Galante et les Saintes (ex : présence d’espèces marines de petites tailles parmi les mollusques, crustacés et vers annélides ; d’espèces végétales marines comme les algues ; d’espèces végétales terrestres comme les lichens, mousses ou encore terrestres telles que les insectes, araignées, vers, etc.).

Cette démarche est essentielle pour inventorier et découvrir de nouvelles espèces marines et terrestres et pour mieux estimer leur statut de conservation.

Près de 100 chercheurs locaux, nationaux et internationaux sont ainsi mobilisés pour une mission de près de 6 semaines, à l’automne 2024, au service d’une faune et d’une flore exceptionnelles mais souvent menacées, sur des territoires marqués par un fort endémisme.

Un projet en deux volets

  • Volet marin

Sur le volet marin, ce sont les invertébrés marins et la flore qui sont visés dans le cadre de cette exploration. Les plateaux autour des îles, jusqu’à 150 mètres de profondeur, seront prospectés.

  • Volet terrestre

Sur le volet terrestre, ce sont les arthropodes et autres invertébrés (mollusques, vers, etc.) qui sont étudiés en priorité. Un volet flore spécifique sera déployé à Marie-Galante avec le Conservatoire Botanique des îles de Guadeloupe (CBIG).

Zoom sur les territoires explorés 

Guadeloupe, île de la Désirade, vue aérienne,

Île de la Désirade, Guadeloupe

© thomathzac23 - stock.adobe.com

La Désirade

Plus vieille entité géologique des Petites Antilles, la Désirade possède une riche biodiversité, ainsi que des milieux naturels diversifiés assez bien préservés. Avec ses îlets non habités de la Petite-Terre, le territoire est également reconnu aujourd’hui comme patrimoine unique abritant de nombreuses espèces endémiques et/ou menacées. Cette reconnaissance s’est traduite notamment par le classement des îlets de Petite-Terre en Réserve Naturelle dès 1998 et la création de la Réserve naturelle géologique nationale de la Désirade (secteurs de la Pointe Doublé et de la Pointe du Grand Abaque) en 2011, première du genre dans l’Outre-Mer français.

Plage de Marie Galante, Guadeloupe

Marie Galante, Guadeloupe

© SAndor - stock.adobe.com

Marie-Galante

Plus grande dépendance de l’archipel guadeloupéen, Marie-Galante possède des paysages exceptionnels composés en grande partie de forêts adaptées à la relative sécheresse du climat. À l’ouest de l’île, on retrouve toutefois des zones humides assez étendues, dont font partis les Marais de Folle Anse. Les plages de l’île sont, quant à elles, reconnues comme essentielles pour la reproduction des tortues marines, qui se rendent nombreuses sur les plages. Loin du développement urbain exceptionnel que connaît le reste de l’archipel depuis plusieurs décennies, Marie-Galante a su préserver un paysage de ruralité sur la quasi-totalité de son territoire du fait notamment de son importante activité agricole (plantations de canne à sucre). Cette activité agricole, témoin de l’histoire de l’île, a fortement façonné son paysage.

Baie des Saintes, Guadeloupe

Baie des Saintes, Guadeloupe

© Gautierbzh - stock.adobe.com

L’archipel des Saintes

L’archipel des Saintes constitue une zone de fort intérêt écologique abritant des espèces endémiques ou sub-endémiques dans un état relativement critique (couleuvre des saintes...). Sur les îlets non habités (Ilet à Cabris, Grand îlet, Ilet la Coche…) comme sur les îles principales de Terre-de-Haut et Terre-de-Bas, les nombreux mornes aux pentes raides sont constitués de milieux essentiellement secs et boisés et d’une flore riche et rare (Tête à l’anglais, Cactus cierge, Raquette, Cerisier des Saintes). Aujourd’hui, la saturation de l’espace ne permet pas de répondre à la demande de construction et démontre l’absolue nécessité pour ces territoires à concilier leur développement et la protection de leurs espaces naturels. Avec une partie de leur territoire protégée par le Conservatoire du littoral, l’ONF et les deux collectivités communales, l’archipel des Saintes constitue un atout majeur pour la biodiversité guadeloupéenne.

Un programme ambitieux d’explorations scientifiques

Cette mission d’envergure s’inscrit dans le programme « La Planète Revisitée » qui est l’un des plus ambitieux en matière d’explorations naturalistes. Initié au Vanuatu en 2006 par le Muséum national d’Histoire naturelle et ses partenaires, il a conduit depuis près de 20 ans les scientifiques du monde entier de la Nouvelle-Calédonie à la Guyane, en passant par la Corse, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore Madagascar, à la découverte de la biodiversité. 

Porteurs du projet et Partenaires

Affiche porteurs de projets
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    La Planète Revisitée

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