Définition

Qu’est-ce qu’un humain ?

Un humain est un animal faisant partie des primates, et plus particulièrement des « grands-singes » (ou Hominidés), qui est bipède et dont le corps s’est adapté à cette bipédie. Parmi les humains, on compte les genres Homo (dont fait partie notre espèce), Sahelanthropus, Orrorin, et Kenyanthropus, les Australopithèques, les Paranthropes et les Ardipithèques. 

Cette définition est valable pour le domaine de la préhistoire, des chercheurs en sciences humaines ou en philosophie pourraient avoir un autre point de vue, mêlant des notions conceptuelles ou psychologiques à la définition d'humain bien que ces critères soient très difficiles à démontrer parmi les espèces fossiles

Qui sont les humains parmi les autres singes ?

Notre espèce fait partie des primates, un groupe dont les caractéristiques communes comprennent le fait que le cerveau soit assez gros, avec des asymétries, des yeux vers l’avant de la face, une vision en 3D et trichromatique. Le trait commun le plus connu est celui du pouce opposable aux autres doigts, qui permet de saisir les objets en formant une pince. Ainsi, nous faisons partie des primates, au même titre que les babouins, chimpanzés, gorilles et autres.  

Parmi les primates, les Hominidés regroupent les orangs-outangs, les gorilles, les bonobos ainsi que les chimpanzés, les humains, et tous les ancêtres partagés par ces primates depuis environ vingt millions d’années. On les appelle communément les « grands singes », et ils se distinguent par leur absence de queue ainsi que par leur grande taille. 

Les humains, ou « hominines », enfin, regroupent les fossiles humains et l’ensemble de l’humanité actuelle. Ils se distinguent par l’adaptation de l’ensemble du corps à la bipédie. Les humains regroupent ainsi les fossiles d’Homo, les humains actuels, les Australopithèques (dont la célèbre Lucy) et les Paranthropes, les Ardipithèques, Orrorin et Sahelanthropus

Le genre Homo est un genre parmi les autres au sein des humains (hominines).  

De rares témoignages

Si les scientifiques évaluent à - 10 millions d’années la période marquant la divergence entre panines (chimpanzés et bonobos) et hominines, il faut rappeler que peu de restes fossiles sont connus à ce jour. Ainsi, nous ne connaissons, pour le moment, qu’une petite partie de l’histoire évolutive des humains.

Qu’est-ce qu'un humain en préhistoire ?

Comment savoir où commence et où s’arrête l’humanité ? Qui sont nos premiers représentants ? Voilà des questions difficiles auxquelles les préhistoriens cherchent à répondre, et dont les réponses peuvent différer de celles des philosophes, historiens ou autres scientifiques. Il n’est pas évident de mettre une limite à ce qui définit l’humanité par rapport aux autres êtres vivants, et cette définition a pu changer au cours du temps. Quels sont donc les critères actuels qui définissent un humain en préhistoire ?

Homo erectus

Homo erectus

© C. Dégardin

Des critères anatomiques

Aujourd’hui, de nombreux scientifiques s’accordent pour dire que l’élément déterminant pour définir l’humanité est la bipédie, ainsi que tous les caractères anatomiques qui découlent de l’adaptation à ce mode de déplacement. 

Si tous les primates sont capables de marcher sur deux jambes sur de courtes distances, seuls les humains réussissent à être bipèdes sur de longues durées et distances, tout en gardant une bonne capacité respiratoire. Leur corps montre également une transformation en lien avec ce mode de locomotion.

En effet, la bipédie influence l’ensemble de la morphologie du corps :

  • Le crâne se situe au-dessus des vertèbres et de la colonne vertébrale, selon un axe vertical.
  • La colonne vertébrale est redressée.
  • Juste au-dessous, dans le même axe, le bassin maintient les organes.
  • Les jambes s’adaptent à un mode de déplacement où elles portent tout le poids du corps et dont la diversité de mouvement est réduite.
  • Les bras, moins sollicités pour les déplacements, changent.
  • Les pieds sont marqués d’une voûte plantaire.
  • Le torse est « ouvert », laissant de l’espace pour la respiration.
Moulage du plus vieil outil du monde (3,3 millions d'années) dans la Galerie de l'Homme

Moulage du plus vieil outil du monde (3,3 millions d'années) dans la Galerie de l'Homme

© MNHN

La fabrication d’outils, un trait spécifique aux humains ?

Non ! Le fait de créer et d’utiliser des outils ne relève pas du propre de l’humain. C’est plutôt la façon de les créer et la manière dont il s’en sert qui peut permettre de faire une distinction entre les humains et les autres animaux.

En effet, des singes comme les chimpanzés sont tout à fait capables de créer des outils : ils peuvent choisir un bâton, le travailler, l’écorcer et l’affiner, pour ensuite l’utiliser pour dénicher des termites. En revanche, leur fabrication reste sommaire, et ne résulte pas d’une anticipation de toutes les étapes de construction. De façon ponctuelle, ils peuvent produire des éclats de pierre, mais rien n'indique qu'ils sélectionnent les roches en fonction de certaines caractéristiques (comme le poids, le matériau…) ou encore qu'ils utilisent une technique de façon systématique sur celles-ci.

Ce qui change avec l’humain, c’est la conception de cet outil, et la transmission des techniques. Nous avons aujourd’hui des preuves que Paranthropus boisei et Australopithecus garhi, parmi les premiers humains, avaient ces capacités de penser la création d’un outil, contrairement aux singes. C’est dans cette transmission des techniques et dans cette réflexion que résident d’autres caractéristiques de l’humanité.

Concevoir et réfléchir

Un autre indice permettant de définir l’humanité réside en effet dans la capacité à réfléchir. Le fait de fabriquer des outils de façon systématique comme cela a pu être le cas avec Homo habilis est bien la preuve d’une conception avant la réalisation. Ce geste est le plus ancien indice mettant en valeur la capacité à prévoir une action, à la répéter, à maîtriser le geste de la frappe… c’est-à-dire à réfléchir à ce que l’on souhaite obtenir.

Transmettre son savoir

En plus de cette réflexion, la définition d’une « culture » se fonde précisément dans le fait de partager à ses semblables son savoir, puis que ces connaissances se transmettent ensuite de génération en génération. L’exemple de la persistance d’un mode de fabrication d’outils en pierre est bien l’illustration qu’il existe une spécificité humaine dans le fait de se partager les connaissances : ces techniques étaient transmises aux plus jeunes, socialement, et les apprentissages n’ont pas été perdus au fil du temps.

Des capacités mentales et émotionnelles

Par comparaison avec les autres primates, les individus du genre Homo, mais aussi les chimpanzés et les bonobos font preuve de capacités mentales particulières : en plus d’avoir conscience d’eux-mêmes, ils peuvent imiter, mentir, être sarcastiques, ou encore faire preuve d’empathie et de sympathie.

Qui sont les premiers représentants de l’humanité ?

Toumaï (Sahelanthropus tchadensis), moulage

Toumaï (Sahelanthropus tchadensis), moulage - Muséum national d’Histoire naturelle

© MNHN - J.-C. Domenech

Toumaï 

Toumaï est le surnom donné au spécimen ayant permis de décrire l’espèce Sahelanthropus tchadensis. Découvert en 2001 au Tchad, il représente le plus ancien hominine bipède connu à ce jour. Nous savons aujourd’hui qu’il vivait proche d’un lac et d’une savane arborée il y a sept millions d’années. Mesurant environ 1 mètre 10, son cerveau devait avoir un volume à peu près équivalent à celui des chimpanzés d’aujourd’hui. L’étude par numérisation a révélé, par la forme et le positionnement de son crâne, que Toumaï présentait bien une adaptation à la bipédie. Cela fait de lui le plus vieil humain connu, bien que sa morphologie soit différente des humains actuels.

Orrorin

Surnommé « Millenium Ancestor », des restes fossiles humains découverts en 2000 par Brigitte Sénut, scientifique au Muséum, font partie des plus anciens représentants de l’humanité dont nous ayons une trace. Ces fossiles ont permis la description d’une nouvelle espèce : Orrorin tugenensis. Mesurant près d’1 mètre pour une quarantaine de kilos, il vivait il y a six millions d’années proche de plaines vertes, dans un environnement boisé. C’est par l’étude de son fémur que l’hypothèse de la bipédie est jugée plausible.

Le débat concernant les origines de l’humanité continue encore aujourd’hui. Certains scientifiques estiment que les premiers représentants de notre lignée devraient se situer autour de 10 millions d’années. La bipédie humaine aurait ainsi évolué dans un premier temps dans des environnements boisés, avant que les hominines ne se dispersent dans la savane.

Le trouble entre Homme et humain

Homme et humain, deux termes distincts 

Bien que dans le langage courant, ces deux termes puissent être utilisés pour faire appel à une même réalité, en science il n’en est pas de même.

Comme dit plus tôt, un humain se réfère, en préhistoire, aux grands singes devenus bipèdes, et dont le corps s’est adapté à cette bipédie.

Un Homme était le terme utilisé pour désigner un individu de n’importe quelle espèce appartenant au genre Homo. Aujourd’hui, ce mot en français porte à confusion. Par ailleurs, il y a des débats sur quelles espèces constituent le genre Homo, sans qu’il ne soit possible de les distinguer clairement des autres hominines.

Quelles sont les caractéristiques du genre Homo ?

Parmi les humains, le genre Homo (et particulièrement à partir d’Homo erectus) se distingue par quelques attributs spécifiques. Parmi ceux-ci, on compte :

  • Une boîte crânienne plus grande, plus haute, et avec un volume plus important ;
  • Une face moins projetée en avant ;
  • Des molaires plutôt allongées et petites ;
  • De larges épaules qui permettent une meilleure stabilité dans le haut du corps ;
  • Des membres supérieurs longs et musclés (les bras) qui servent notamment de balancier lors de la course ;
  • Une cage thoracique ouverte en forme de tonneau qui facilite la respiration ;
  • Une région lombaire dégagée, et l’apparition d’une taille qui permet une meilleure mobilité lors de la marche et de la course ;
  • Un bassin moins large ;
  • Des membres inférieurs longs (les jambes), une cuisse développée qui facilite la mobilité ;
  • L’articulation du genou stabilisée, limitant les efforts musculaires lors de la marche bipède ;
  • Un pied court et compact qui possède une double courbure, facilitant les déplacements.

Qui étaient les premiers représentants du genre Homo ?

Dans l’état actuel des connaissances, les plus anciens fossiles d’individus du genre Homo ont tous été recensés à l’Est de l’Afrique le long de la vallée du Rift, entre l’Éthiopie et le Kenya, datant pour les plus anciens de 2,8 millions d’années.

Le genre Homo, un sujet toujours débattu

La préhistoire étant une science en construction, de nombreux débats existent autour des espèces humaines. Aujourd’hui, certains chercheurs proposent par exemple qu'Homo habilis et Homo rudolfensis soient considérés comme des Australopithèques, du fait de leur forte ressemblance avec ces derniers.

Relecture scientifique

Antoine Balzeau

Antoine Balzeau

Paléoanthropologue au Muséum national d’Histoire naturelle (Histoire naturelle de l’Homme préhistorique - UMR 7194)

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